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Le
Jour où il se rendit compte que sa liberté effective était
restreinte à un simple choix de contenant et non pas de contenu, il
eût la plus mauvaise surprise de sa vie.
Comme
réveil douloureux, la prise de conscience était sévère, sans les
anesthésiants, édulcorants, calmants habituels pour calmer le mal.
Finalement,
que pouvait-il faire de plus qui ne soit pas dans les cadres définis
de la Société ? Il allait là, où il pouvait aller, c'est à
dire là où le choix s'imposait. (Et non pas les choix ! La
pluralité n'était qu'un autre choix unique, sans aucun apport!)
Il
passa par plusieurs stades de sentiments, du parfait dégoût de soi
à une profonde tristesse résignée à une froide colère sourde...
Son visage ne trahit en aucune façon son désarroi intérieur.
Il
n'alla pas prendre son habituel café à la machine à boisson
-certains de ses amis/collègue s'en étonnèrent d'ailleurs- même
si son non-choix restait un choix prévu par la gamme de choix prévus
(ce qui le titilla d'ailleurs).
Ce
qui l'attirerait désormais serait une autre possibilité -n'estimant
pas le refus de choix comme assez satisfaisant- au-delà des
possibilités existantes ; il ne voulait plus choisir entre le
carré, l'hexagone ou le rond, il voulait une couleur.
Même
si cette envie devait l'éprouver, lui ou son confort journalier.